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Parler de masturbation, plus facile qu'on le pense

Arrière-plan

14 décembre 2021 Diversité sexuelle et de genre

Parents

Par Meredith Paré et Amélie Dion

Intervenantes

En tant que parents, vous adressez probablement déjà une multitude de thématiques entourant la masturbation telles que l’intimité de soi et des autres, le respect de son rythme et des ses limites. Il peut être plus facile d’initier la discussion en utilisant ces sujets comme porte d’entrée.

Ceci étant dit, cela ne signifie pas qu’il ne faut pas l’aborder plus clairement. En effet, nommer les choses par leur nom – la masturbation dans ce cas-ci – permet de lever les tabous et d’installer un climat de confiance pour en discuter.

En tant que parent… 

D’abord, comme parents, il peut être pertinent de se rappeler les raisons pour lesquelles un·e adolescent·e peut choisir de pratiquer la masturbation, et notez que celles-ci peuvent différer de ses raisons personnelles. Si pour certain·e·s, il peut s’agir d’une façon d’évacuer son stress ou d’un moment de détente, la masturbation peut aussi être synonyme de découverte. Découverte de son corps, de sa sexualité, de son plaisir, de ses zones érogènes.

Cela peut être plus facile d’aborder la sexualité avec son enfant en se détachant de sa propre sexualité et de ses expériences. Se rappeler que les ados sont en découverte et que ce n’est pas nécessaire de connaitre leurs préférences à elle.ux permet de se recentrer sur son rôle. Vous leur avez inculqué des valeurs et il s’agit de leur rappeler qu’elles s’appliquent aussi à leur intimité. Il ne s’agit pas ici de chercher à savoir en détails leur vie privée!


La masturbation est une pratique naturelle et il est sain d’en parler. L’objectif est d’offrir un espace de non-jugement et de confiance pour respecter le rythme et les limites de son enfant.

Vous pouvez faire l’exercice de vous demander si vous seriez à l’aise de répondre vous-mêmes à ces questions. Cela permet de déterminer si elles sont trop intrusives ou non. Dans cet ordre d’idées, assurez-vous de poser des questions auxquelles vous êtes prêt·e·s à recevoir la réponse. L’objectif est d’offrir un espace de non-jugement et de confiance. Respecter le rythme et les limites de son enfant, c’est important, mais les vôtres aussi !

La masturbation, c’est personnelle 

Tout d’abord, c’est tout aussi normal de se masturber que de ne pas le faire. C’est une question de choix personnel et d’envie. Ensuite, il n’y a pas d’âge, ni de genre ou d’orientation sexuelle qui influence le désir de se masturber. Parmi les éléments importants à considérer, on retrouve l’éveil sexuel. On entend par là l’arrivée de la puberté et le développement de la sexualité dans sa globalité. 

C’est une façon de redécouvrir et de se réapproprier son corps en changement. Cela permet de se familiariser avec les nouvelles manifestations physiques qu’un·e ado peut éprouver, comme les érections ou la lubrification. C’est pourquoi vous pouvez souligner l’importance de suivre son propre rythme, afin que cela reste une expérience agréable. C’est aussi une belle occasion pour discuter de l’influence des pair·e·s afin de démystifier les différentes croyances qui peuvent être entendues à propos de la masturbation.

Au bon endroit, au bon moment 

Un élément nécessaire à discuter est le contexte. Quand on parle d’intimité, on parle aussi de discrétion, de respect et du partage des espaces communs. En effet, l’adolescent·e doit prendre en compte le lieu et le moment choisis afin de se sentir confortable et en sécurité pour se masturber. Si la chambre et la salle de bain peuvent être des endroits de choix, il faut tout de même que cela se fasse dans le respect des autres. 

Notamment, en s’assurant que personne ne peut arriver par surprise, que personne n’attend pour utiliser la pièce, et de laisser l’endroit propre. Parlant d’hygiène, l’endroit et le moment choisis doivent également permettre de pouvoir se nettoyer au besoin. La masturbation peut impliquer des fluides corporels, et il faut prévoir d’être en mesure de se laver adéquatement.  

Cette discussion peut aussi mener à devoir revoir ses attentes par rapport à l’intimité, qui peuvent avoir évoluées. Par exemple, si vous aviez l’habitude de cogner et rentrer dans la chambre de votre enfant, il est possible qu’il ou elle vous demande maintenant d’attendre une réponse après avoir cogné à la porte.

« Du plaisir, c’est bien tout ce que je veux! » 

Il y a plein de méthodes et techniques différentes, l’important c’est que l’adolescent·e trouve ce qui lui plait. Sans expliciter toutes les techniques possibles, il est toutefois pertinent de lui indiquer qu’il ou elle a le droit d’explorer, d’essayer différentes choses et qu’il n’y a pas de façon universelle de se masturber. L’exploration peut se faire à l’aide de lubrifiant, de jouets sexuels ou d’objets, mais il ne faut pas oublier de les nettoyer ! C’est normal, à l’adolescence, d’utiliser des objets qui ne sont pas dédiés à la sexualité dans son exploration, il faut seulement leur rappeler de rester prudent·e.

La découverte de sa sexualité est en évolution constante, c’est un apprentissage. C’est pourquoi il est possible d’avoir des expériences positives et négatives avec la masturbation, et c’est normal.

Ce sont de nouvelles sensations, il faut les apprivoiser et c’est possible que cela ne réponde pas aux attentes ou même que certaines pratiques ne soient pas plaisantes. Qu’il soit question de techniques de masturbation, de fantasmes ou de pornographie, l’important est que cela respecte – encore une fois – son rythme et ses limites.  

Tout ça pour dire que… 

C’est normal d’éprouver un certain stress à l’idée d’évoquer la sexualité avec son adolescent·e., Iil faut seulement se rappeler de rester ouvert·e et sans jugement. La masturbation est une pratique naturelle et il est sain d’en parler. Vous pouvez ouvrir la discussion par le biais d’émissions, de livres, de situations vécues à l’école ou de tout élément pouvant permettre de créer une opportunité d’échanger sur le sujet.

Si vous ne vous sentez pas suffisamment outillé·e·s, des ressources existent afin de vous accompagner. Par contre, si vous n’êtes pas à l’aise d’ouvrir cette discussion avec votre enfant, il est possible de voir avec qui il ou elle serait confortable de le faire, qu’il s’agisse d’un adulte de son entourage ou d’un·e professionnel·le, par exemple, un·e sexologue. Au final, l’objectif est de guider votre enfant du mieux que vous le pouvez. Faites-vous confiance, nul besoin d’être expert·e, la lecture de cet article démontre que vous êtes sur la bonne voie! 

 

Références

On SEXplique ça, Livre par  Isabelle Arcoite, Laurence Desjardins, Anabelle Gauthier, Comment parler de sexualité avec son ado
Roxane Gaudette Loiseau, Mélanie Guénette-Robert, Petit manifeste de la masturbation féminine