Il y a plus de 25 ans, j’arrivais au pays en tant qu’immigrante avec deux enfants en bas-âge. Depuis, je travaille dans deux écoles secondaires en tant qu’agente de liaison entre les familles immigrantes et l’école.
Grâce à mon travail, j’ai la chance de pouvoir rencontrer des adolescents. J’aime prendre le temps de les écouter parler de leur quotidien. J’aime surtout ce moment où la conversation, sous un faux air de légèreté, nous amène plus loin. Ils me rappellent notre propre adolescence et tous les questionnements qui nous angoissaient.
« Qui suis-je? Comment me définir? Pour ou contre? Reproduire le modèle ou le fuir à tout prix? »
Tout adolescent se trouve face à ces interrogations et c’est tout à fait normal. Toutefois, pour les jeunes que je rencontre et qui sont issus de l’immigration, elles prennent un sens tout particulier.
Un adolescent, qui grandit dans un pays et une culture qui ne sont pas les siens, se trouve confronté à des choix de vie. Chaque pas vers la culture et les valeurs de la société d’accueil peut être alors source de souffrance pour lui. En d’autres termes, c’est dans le cocon familial que se construisent les bases de sa personnalité.
Dans beaucoup de familles immigrantes, le jeune apprend l’interdépendance affective. C’est-à-dire que :
En parallèle, l’école québécoise qui est souvent le premier contact avec la société d’accueil lui apprend autre chose. Entre autres, le jeune immigrant apprend que :
Voilà une des nombreuses contradictions auxquelles l’adolescent immigrant devra faire face. Alors qui doit-il être, maintenant qu’il est à l’heure de faire des choix? Doit-il tourner le dos à sa famille? Peut-il le faire sans l’impression de la trahir? Il n’est pas surprenant de constater que la quête identitaire, d’un jeune issu de l’immigration, sera alors jalonnée de sentiments de culpabilité. Il arrive même que la quête identitaire génère de la tension et de l’anxiété.
C’est-à-dire que nous pouvons l’accompagner selon les valeurs et les modèles qu’il aura lui-même choisi dans chacune des deux cultures, soit celle d’origine et celle d’accueil.
Pour l’aider, nous devons accepter de l’accompagner dans cette voie et le rassurer sur le regard que nous porterons sur ses choix de vie. De cette façon, notre objectif commun, j’en suis certaine, est que sa quête identitaire lui permette de devenir un adulte apaisé, conscient de sa valeur et de sa richesse unique.