Le langage des jeunes adolescents a subi une évolution assez particulière dans les 30 dernières années dans la région de Montréal. Ce changement est comparable à ce qu’on peut observer dans d’autres grandes métropoles, que ce soit en raison des récentes vagues d’immigration ou de l’apparition d’Internet.
Un des changements qui apparait à cette période est leur désir d’indépendance. Ce qui explique pourquoi les adolescents se créent un langage que seuls eux peuvent comprendre. L’utilisation d’un langage qui leur est propre leur permet de communiquer entre eux sans que les adultes (parents, professeurs, etc.) dans leur entourage ne puissent complètement les comprendre, renforçant ainsi leur sentiment d’indépendance.
Le sentiment d’appartenance se crée petit à petit quand un nombre de personnes partage les mêmes valeurs, objectifs, expériences ou langages. Puisque la recherche d’identité est à son apogée à l’adolescence, il est logique pour les adolescents de vouloir appartenir à un groupe, une clique ou une bande.
Techniquement, puisque leurs ami(e)s vivent les mêmes réalités qu’eux, comme le secondaire, l’anxiété, des difficultés interpersonnelles et leur langage, les jeunes commencent petit à petit à développer un sentiment d’appartenance très fort envers leurs ami(e)s.
Cette façon de parler offre un espace aux jeunes dans lequel ils peuvent être créatifs et de faire émerger de nouveaux mots et de nouvelles expressions et de leur donner un sens. Leur vocabulaire devient alors une sorte de code dans lequel seuls eux se comprennent et sont capables de communiquer. Ce vocabulaire devient alors autant un moyen de se distinguer, de créer un sentiment d’appartenance ou encore de renforcer leur identité culturelle.
Une phrase comme « J’allais passer du temps avec un gars, mais il n’est pas venu » devient alors : « J’allais chill avec un patnè, mais il a rancé sur moi ».
L’un des premiers facteurs pouvant expliquer le changement au niveau du langage des jeunes est la présence de la diversité linguistique dans le paysage québécois. Cette richesse au niveau culturel, spécialement dans les écoles secondaires, vient colorer les échanges entre les adolescents et vient créer un terrain fertile à la création de nouveaux termes ou expressions.
L’utilisation de l’anglais, de l’espagnol, du créole de l’arabe ou d’autres langues viennent s’ajouter au français et permet aux jeunes de se démarquer et d’avoir une identité distincte.
Par exemple, plusieurs mots issus du créole tel que Giou (bon), Rancer (laisser une personne en plan), Bahay (vient de bagay) (chose) se voient rajoutés dans le lexique des jeunes, spécialement chez les jeunes issus de la communauté haïtienne.
Les médias ont aussi une très grande influence sur la façon dont les jeunes s’expriment. Les réseaux sociaux permettent par exemple l’apparition de nouvelles modes ou tendances qui peuvent avoir un impact sur le vocabulaire des ados.
La musique, et plus particulièrement le rap montréalais, a aussi joué un grand rôle dans le développement du langage utilisé par les jeunes au vu de la place que prend la scène hip-hop dans la culture québécoise.
Il est normal pour les adolescents de se questionner sur leur identité et vouloir ressentir un certain besoin d’appartenance et d’indépendance durant laquelle on observe un détachement du cadre familial.
C’est une période de leur vie qui implique plusieurs défis et changements dans laquelle les parents continuent à jouer un rôle très important. Cependant, les adolescents donnent une plus grande place à leur cercle d’amis et accordent plus d’importance à leurs opinions.
Il est normal pour un parent de se questionner sur les mots utilisés par son enfant. En revanche, il est important d’aller au-delà des préjugés qu’on peut avoir et d’essayer le plus possible d’ouvrir la discussion avec son enfant afin de comprendre le sens qu’il donne lui-même aux expressions qu’il utilise.
Ainsi, il est important de garder une ouverture d’esprit avec son enfant et d’offrir la place à la communication pour découvrir son monde. Les jeunes sont habituellement ouverts à expliquer leurs expressions à condition de ne pas se sentir jugés, cela leur donne aussi l’occasion d’être l’expert de leur sujet et de pouvoir partager leurs connaissances avec vous.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet, voici une série de balados ainsi qu’une série d’articles qui pourront vont aider à en apprendre un peu plus !
Pour les parents :
Brunet, L’adolescence : l’étape des bouleversements
Université Laval, Le sentiment d’appartenance
Université McGill, Étude sur la création du sentiment d’appartenance de jeunes Montréalais.e.s racialisé.eés membres de la communauté d’un studio d’enregistrement Hip Hop
Université du Québec à Montréal, Description du lexique appartenant au vernaculaire des jeunes adultes de 17 à 25 ans habitant dans les quartiers Est de Montréal