Selon des études, les hommes rencontreraient plus de difficultés dans leur processus de demande d’aide. Il n'est pas question ici d'une généralité, mais d'un groupe significatif d'individus démontrant une difficulté inhérente à cette démarche.
En comprenant mieux les normes sociales, les pièges à éviter et les attitudes à adopter reliés à la demande d’aide des hommes, pourrions-nous faciliter les choses pour les jeunes hommes?
Demander de l’aide n’est pas une tâche facile pour plusieurs personnes. Pour de nombreux hommes, c’est encore plus le cas. Non pas tant par orgueil, mais en raison des normes sociales qui ont été inculquées.
L'idée selon laquelle « un gars, ça pleure pas » a marqué l'éducation de plusieurs. Cette mentalité contribue à la création d’une façade d’invulnérabilité. Ainsi, il est difficile pour certains hommes de verbaliser leurs émotions et de solliciter de l’aide. Ces actions vont à l’encontre des normes de la masculinité qui prônent des attitudes telles que : dissimuler sa vie privée, afficher force et fierté, conserver le contrôle, persister indéfiniment, être indépendant et nier toute forme de douleur.
Lorsqu’il est question des attentes liées à la demande d’aide, celles-ci entrent en opposition avec le code de la masculinité. Par exemple, dans un contexte d’assistance, il est nécessaire de partager des aspects de sa vie privée, d’exprimer ses émotions, de faire de l’introspection ainsi que de faire face aux conflits interpersonnels.
Ces attentes sont donc contradictoires avec les principes du code masculin qui privilégient la discrétion, l'absence de vulnérabilité et être dans l’action constamment tout en évitant les conflits. Dans ces conditions, certains hommes sont amenés à ressentir un choc de valeurs et cela risque de les rebuter à demander de l’aide.
Lorsqu’il s’agit de soutenir un jeune homme dans sa demande d’aide, il y a quelques pièges à éviter pour assurer un soutien efficace et respectueux.
Ce type de questions causent davantage de honte, de culpabilité et une réaction défensive. Elles risquent de renforcer les sentiments négatifs plutôt que de créer un espace ouvert et compréhensif pour discuter des problèmes.
La colère est une émotion humaine normale et saine que l’on doit exprimer. Il est important de faire la distinction entre la colère en tant qu’émotion et l’agressivité en tant que comportement violent. La colère en soi n’est pas nécessairement négative. Elle peut être une réaction naturelle à des situations stressantes, frustrantes ou injustes.
Cependant, si vous êtes confronté à la colère et que cela provoque un inconfort ou une inquiétude, il est essentiel de le mentionner de manière respectueuse. La communication ouverte est cruciale dans ces situations.
Offrir des conseils peut être une démarche positive lorsque c’est fait de manière sollicitée et avec une intention bienveillante. Cependant, il est essentiel de veiller à la manière dont ces conseils sont présentés, car autrement, ils pourraient être perçus comme un jugement.
Lorsqu'un jeune homme décide de demander de l’aide, certaines attitudes peuvent être bénéfiques à adopter.
Encourager une culture où demander de l’aide est perçu comme une étape positive et courageuse peut contribuer à briser des stigmates associés à la démarche.
Admettre que l’on a besoin d’aide et être prêt à accepter le soutien des autres nécessite une ouverture émotionnelle, ce qui, comme mentionné précédemment, peut être difficile pour des hommes compte tenu des normes sociales traditionnelles liées à la masculinité.
Il arrive que certains jeunes hommes expriment leur détresse à travers des émotions telles que la colère, accompagnée parfois de honte. Il est essentiel de ne pas s'arrêter à cela puisque c'est une réaction naturelle.
La communication ouverte, la prise de recul, la reconnaissance des déclencheurs puis la recherche de solutions sont des étapes qui facilitent la gestion de la colère de manière constructive.
Ouvrir le dialogue afin d’établir des étapes à suivre permet de reprendre du pouvoir sur la situation. Sachant que conserver le contrôle est une composante fondamentale du code de la masculinité, il est encouragé d’avoir cette attitude afin de faciliter le processus dans la demande d’aide de l’homme.
Une approche constructive serait de poser des questions ouvertes telles que « Peux-tu me parler de ce qui s’est passé? », « Qu’est-ce qui t’a empêché d’en parler plus tôt? » ou encore « Y a-t-il quelque chose que je peux faire pour soutenir? ».
Il est à souhaiter que plus d'adolescents se sentent libres de chercher de l’aide quand ils en ont besoin que ce soit auprès d’amis, de membres de la famille ou de professionnels de la santé mentale. La reconnaissance de la diversité des expériences masculines et la promotion d’une masculinité positive et inclusive sont des étapes importantes vers la création d’un environnement où les hommes de demain se sentent soutenus dans leur bien-être émotionnel.
Santé et bien-être des hommesGestion de la colère
Masculinités et société, Perceptions des hommes québécois de leurs besoins psychosociaux et de santé ainsi que de leur rapport aux services
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