Le terme « influenceur » n’est pas nouveau. De tout temps, des personnes ont utilisé leur notoriété ou leur position sociale pour influencer l’opinion publique. Aujourd’hui, dans l’ère des médias sociaux, le terme désigne spécifiquement une personne qui, du fait de sa grande audience, est capable d’influencer les pratiques de consommation, les idées ou les opinions.
Les influenceurs lancent des modes, fédèrent des communautés, suscitent des débats, etc. Pour les adolescents d’aujourd’hui, les influenceurs ont remplacé les vedettes du cinéma ou de la musique dans leur rôle de modèle. De ce fait, certains influenceurs gagnent bien (et même très bien) leur vie.
Cependant, le métier d’influenceur souffre d’une mauvaise image. Il est souvent associé à des pratiques commerciales douteuses. Pire encore, certaines études attribuent aux influenceurs une grande responsabilité dans les enjeux de santé mentale des adolescents et des jeunes adultes. Vu l’ampleur que prend ce phénomène, les parents sont en droit de s’interroger sur la relation que leurs jeunes ont avec ces vedettes d’un nouveau genre.
Il ne s’agit pas juste de divertissement. Les producteurs de contenu exercent également une influence sur l’image qu’on peut avoir de soi. Pour des jeunes en pleine construction identitaire et en recherche de relations significatives, il est difficile de rester intact vis-à-vis de ce monde accessible 24h sur 24, où les imperfections sont corrigées par un bon cadrage et des filtres beauté. Le bien-être social et l’équilibre émotionnel de l’adolescent s’en retrouvent menacés.
Heureusement que tout n’est pas sombre dans ce portrait. Sous la pression des critiques, les réseaux sociaux ont adopté certains changements : mettre moins de l’avant le nombre de likes, donner la possibilité aux utilisateurs de surveiller leur temps d’écran, indiquer aux usagers les photos modifiées par un filtre. Ce n’est pas parfait, mais c’est à encourager.
De même, certains créateurs de contenus ont choisi d’embrasser une approche plus responsable du métier. Au Québec, quelques influenceurs se démarquent en misant sur l’être plutôt que sur le paraître : écoresponsabilité, saine alimentation, parentalité... Cependant, on peut constater qu’il y a une place à prendre dans certaines niches comme l’éducation financière par exemple.
Quels que soient les efforts consentis par les différents acteurs, la première responsabilité revient aux utilisateurs. Voilà pourquoi il est important que les jeunes adoptent de bonnes pratiques dans leur utilisation des réseaux sociaux et dans leur consommation du contenu qui y est disponible. À ce niveau, les parents peuvent grandement aider.
Afin qu’un jeune s’épanouisse pleinement dans son identité numérique, il est important que le parent l’aide à renforcer son identité propre. Un style de vie actif aidera également à ce qu’il ne vive pas une vie par procuration.
S’il aime une activité en particulier, encouragez-le à la pratiquer plutôt que de seulement regarder d’autres le faire.
La rareté oblige à faire des choix. Une bonne manière de faire prendre conscience à un jeune, c’est de l’associer pour déterminer ensemble quels sont les meilleurs moments pour son temps en ligne et à quoi le consacrer afin que cela ne nuise pas aux autres aspects de sa vie (études, activités physiques, socialisation, etc.).
Pour un ado en recherche de relations significatives, le monde en ligne peut paraître comme la caverne aux trésors. Il appartient donc au parent d’inverser la tendance en créant une alternative de qualité. Privilégiez les activités qui renforcent vos liens sociaux uniques. Ouvrez les yeux de votre adolescent sur la communauté des parents, frères, sœurs et amis qui l’attend là dehors, loin des écrans.
Aucune de ces bonnes pratiques n’est une solution miracle. L’objectif, c’est avant tout de faire de notre jeune un acteur responsable de sa destinée, capable d’exercer son jugement pour faire des choix sains pour lui et ses proches. En tant que parent, si c’est l’influence que vous avez sur votre adolescent, alors le pari est gagné!
Ordre des Psychologues du Québec, L’utilisation des médias sociaux chez les adolescents en contexte d’expériences sociales