La pratique d'activités physiques chez les jeunes a connu une baisse significative au cours des dernières années. Plusieurs facteurs expliquent ce désengagement, dont la grossophobie qui constitue une barrière majeure.
Il est essentiel de créer des milieux de vie inclusifs et de valoriser la diversité corporelle. De cette façon, il sera possible de lutter contre la grossophobie et de permettre à tous les jeunes de s'épanouir à travers l'activité physique.
La grossophobie repose principalement sur des préjugés et fausses croyances que la société entretient envers les personnes grosses1.
Par exemple, plus de la moitié des Québécois.es pensent que si une personne est grosse, c’est parce qu’elle mange trop ou mal ou parce qu’elle ne fait pas assez d’activité physique. Cependant, l’activité physique et l’alimentation ne sont pas les seuls facteurs qui influencent le poids et la santé. La génétique, le statut socioéconomique, l’état psychologique ou la prise de certains médicaments sont tout aussi importants à considérer.
La grossophobie constitue un véritable frein à l’adoption de saines habitudes de vie comme l’activité physique. Elle risque également de provoquer chez les jeunes :
Une faible estime de soi
De l’insatisfaction corporelle
De l’isolement social
Un risque accru de troubles alimentaires
De la détresse psychologique
Toutes ces conséquences affectent grandement la santé et la qualité de vie des personnes qui en sont victimes.
L’adolescence est une période où l’apparence physique et l’image corporelle deviennent des sujets sensibles. C’est encore plus vrai avec l’accès aux réseaux sociaux qui incitent à la comparaison sociale. En contexte d’activité physique, les normes sociales et culturelles qui valorisent la minceur peuvent causer chez certains jeunes un sentiment de vulnérabilité et d’anxiété vis-à-vis leur image corporelle.
Les milieux où l’on pratique de l’activité physique, sportive et de loisir sont souvent perçus comme des environnements de santé et de bien-être pour les jeunes. Cependant, ces milieux peuvent aussi devenir néfastes pour les jeunes dont le physique ne correspond pas aux « standards » corporels de l’athlète.
Par exemple, être choisi en dernier dans une équipe peut mener le jeune à éviter la pratique d’activité physique par peur de se faire discriminer à nouveau. Ce phénomène d'auto-exclusion est préoccupant, car le jeune qui se retire de toutes activités physiques risque de ne jamais développer un rapport positif avec celles-ci. Cela peut également influencer les comportements et les habitudes qu’il adoptera à l'âge adulte.
Afin que les jeunes puissent développer une relation positive avec leur corps et l'activité physique, il est essentiel de créer des milieux de vie inclusifs et bienveillants à l’égard du poids. Cela commence par les milieux scolaires, sportifs, les camps d'été et la maison qui doivent être des espaces sécuritaires où les moqueries et les commentaires sur le poids ne sont pas tolérés.
Un premier pas serait de former et de sensibiliser les personnes qui interviennent auprès des jeunes afin qu’ils puissent reconnaitre la grossophobie et intervenir lorsqu’elle se présente. Les adultes qui jouent un rôle de modèle auprès des jeunes doivent prendre conscience de l'impact de leurs mots et de leurs comportements. Ces derniers peuvent influencer directement la manière dont les jeunes perçoivent leur corps et leur rapport à l'activité physique.
De plus, en un contexte d’activité physique, il est conseillé d'inclure des activités variées et adaptées au niveau des habiletés de tous les jeunes. En les plaçant dans une situation de réussite, cela permet à chacun de développer un sentiment d’autonomie et de compétences et les motivera à être plus actif au quotidien.
Valoriser la diversité corporelle et miser sur les forces, les réalisations et les qualités des jeunes, est un moyen de les encourager à s'épanouir à travers l’activité physique, peu importe leur corpulence.
Collectif Vital, La grossophobie, une réalité bien présente au Québec
Collectif Vital, Enjeux liés au poids
Table québécoise sur la saine alimentation, Grossophobie et image corporelle : S’outiller pour mieux intervenir
ÉquiLibre, Pour une image corporelle positive