Les adolescents, en raison de leur stade de développement, ont plus tendance que les autres groupes d’âge à s’engager dans des comportements à risques tels que la commission de délit, l’usage de drogues et d’alcool, le non-respect du Code de la route, etc. Beaucoup d’entre eux sont donc susceptibles de faire l’objet d’accusations criminelles.
C’est toutefois la fréquence de ces comportements qui nous permet de faire la distinction entre le début d’une problématique plus significative d’un évènement isolé que l’on appelle aussi des erreurs de jeunesse. La majorité des jeunes correspondent à cette deuxième catégorie.
C’est donc une minorité de jeunes qui viennent à la cour plus d’une fois. De plus, la grande majorité d’entre eux sont dirigés vers des sanctions en dehors du système de justice. Toutefois, il existe un petit groupe de jeunes qui vont s’impliquer plus activement dans des comportements délinquants et qui peuvent s’affilier à des groupes criminalisés.
La minorité des jeunes qui s’affilie à des réseaux criminalisés est responsable de la majorité des crimes commis par leur groupe d'âge. Il serait donc faux de croire que l’augmentation de la criminalité chez les jeunes signifie que de plus en plus de jeunes adhèrent à ces réseaux. Il s’agit d’un phénomène qui demeure marginal. En règle générale, avant d’intégrer un groupe criminalisé les jeunes ont déjà commis des crimes. C’est toutefois cette affiliation qui les amène à augmenter la fréquence et la sévérité de leurs délits.
Les jeunes peuvent s’intégrer à un réseau criminel pour de nombreuses raisons, dont répondre à leur besoin d’appartenance. Les adolescents aiment être dans un groupe qui leur ressemble, qui leur permettent d’avoir un soutien social et de se découvrir en tant qu’individus. En plus de répondre à ce besoin, les opportunités criminelles du groupe peuvent aussi leur donner un sentiment de compétence, être une source de valorisation externe, de statut et représenter une source de revenus.
C’est toutefois souvent en réaction à leur besoin de sécurité que les jeunes s’associent à des groupes criminalisés. C’est-à-dire que beaucoup d’entre eux croient vivre dans un quartier dangereux et/ou être susceptibles d’être victimes d’une attaque.
C’est aussi souvent pour répondre à ce besoin de sécurité que les jeunes justifient le port d’une arme à feu. Les jeunes qui s’associent à un réseau criminalisé ont généralement tendance à s’impliquer dans une plus grande variété de délits tels que le port d’arme et l'utiliser lors de la commission de crime comme les menaces ou les vols. Ces comportements les rendent toutefois plus susceptibles d’aussi être eux-mêmes victimes de menace armée de jeunes avec qui ils sont en conflit.
Être armé et prêt à s’en servir signifie donc être prêt à réagir en cas de besoin et avoir un moyen de contrôle sur les situations problématiques (et dangereuses) qui peuvent se présenter à eux. Celles-ci sont banalisées et vues comme allant de soi dans leur monde.
De manière un peu contradictoire, les jeunes vont aussi justifier l’utilisation d’une arme par rapport à leur devoir d’être là pour leurs amis indépendamment du risque que cela peut présenter pour leur propre sécurité. Leur crédibilité auprès des autres membres du groupe et le respect qu’ils veulent imposer sont alors mis au premier plan.
Cela dit, certains jeunes non-associés à un réseau criminel peuvent aussi porter une arme, mais ils seront moins prompts à l’utiliser contrairement aux jeunes affiliés. Par exemple, un jeune peut se prendre en photo avec une arme et l’envoyer à un autre jeune en guise de menace, sans toutefois oser appliquer réellement sa menace.
Encore une fois, c’est souvent en réaction à leur perception qu’ils doivent pouvoir se protéger et pour maintenir une certaine image d’eux-mêmes que ceux-ci se procurent une arme qu'ils comptent en faire un usage réel ou pas. La possession d’une arme répond donc au même besoin sans pour autant être le signe d’une affiliation à un groupe criminalisé.
Tout d’abord, tous les jeunes ont des capacités à se désister eux-mêmes de la criminalité qu’ils soient affiliés à un groupe criminalisé ou non. Les jeunes en vieillissant ont tendance à gagner en maturité et celle-ci peut favoriser une diminution des comportements criminels.
Le fait d’obtenir 18 ans et être sous le système de justice pour les adultes vient aussi peser dans la balance étant donné que les peines sont plus sévères et que la détention en prison est dorénavant une possibilité. Sans oublier que l’importance de la sphère amicale tend à diminuer au courant de la vingtaine au profit de la sphère familiale.
Plusieurs éléments peuvent malgré tout être travaillés avec les jeunes, soit :
Tous ces éléments permettent aux jeunes de faire des apprentissages qui les aident à s’éloigner de la criminalité. De plus, les motifs qui mobilisent davantage les jeunes à s’éloigner des réseaux criminalisés et par le fait même des violences par arme à feu sont la possibilité de perdre leur liberté, le fait de décevoir leur famille et s’investir dans un projet positif tel que l’école.
Par ailleurs, que ce soit dans leurs réseaux de contacts criminalisés ou prosociaux, les jeunes vont être influencés par les personnes qui leur donnent du soutien, de la confiance et du respect et qui acceptent d’en recevoir de ces jeunes en retour.
À défaut de les éloigner significativement de leurs pairs criminalisés, nous pouvons tenter d’augmenter le nombre de personnes positives autour d’eux avec qui ses valeurs peuvent être mises de l’avant. Finalement, pour beaucoup de jeunes, l’affiliation à un réseau criminalisé demeure une expérience de transition vers l’âge adulte. Il serait donc faux de croire qu’un jeune qui s’identifie à un groupe criminalisé se dirige automatique vers une carrière criminelle sur le long terme.
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