La période la plus à risque pour développer un trouble alimentaire se situe entre 14 et 25 ans. La quête identitaire, la puberté, le souci de l’apparence, l’exposition aux modèles de beauté irréalistes et inatteignables et la comparaison entre les pairs sont plusieurs facteurs pouvant expliquer que ce moment s’avère particulièrement critique pour l’apparition de l’insatisfaction corporelle.
En tant que parent, il peut être extrêmement difficile de devoir composer au quotidien avec le trouble alimentaire de son enfant. On peut se sentir impuissant(e), frustré(e), peu outillé(e), triste, etc. Toutes ces émotions sont valides. Le trouble alimentaire devient souvent très envahissant pour l’entourage.
Il est essentiel d’avoir en main les stratégies gagnantes pour bien accompagner son enfant à travers les hauts et les bas de la maladie. Dans cet article, plusieurs ressources et pistes d’intervention concrètes seront mises à votre disposition.
Par exemple, si notre enfant réussit à texter un(e) intervenant(e) spécialisé(e) en troubles alimentaires au lieu de se faire vomir après un repas, c'est extraordinaire! Ça démontre que la partie qui lutte, qui veut s’en sortir, est bien vivante. Bref, il faut constamment mettre en valeur tous ses progrès dans la bonne direction.
On ne peut pas aborder les enjeux alimentaires en faisant fi des rechutes qui surviendront au cours du cheminement vers le rétablissement. Il ne faut surtout pas se mettre en colère contre son enfant ou même projeter son sentiment d’impuissance sur lui ou elle à cette étape du processus. Il est tout à fait normal de vivre des rechutes.
Prenons l’exemple d’un enfant qui apprend à faire du vélo pour la première fois. Il va tomber, se relever, et grâce à sa persévérance et aux encouragements de ses proches, il finira par réussir. C’est le même principe avec les troubles alimentaires. La rechute devient même souvent un moment pour prendre un temps d’arrêt et se questionner, faire un travail d’introspection.
« Qu’est-ce qui se passe présentement en moi, qu’est-ce que je vis ou ressens qui pourrait expliquer ce moment plus difficile? Est-ce que les objectifs que je me suis fixés sont irréalistes? Est-ce que ça va trop vite? » Bref, il est essentiel de normaliser et d’accueillir la rechute.
Par exemple, aborder l’apparence physique de notre enfant pourrait exacerber ses obsessions. Également, parler de ce que notre enfant mange (ou ne mange pas) pourrait être perçu comme une tentative de contrôle ou de surveillance, et l’amener à être moins enclin(e) à s’ouvrir sur ses difficultés avec vous. Cependant, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas partager nos préoccupations avec lui ou elle.
Il est alors intéressant d’utiliser la communication non violente. Le principe est bien simple : on s’exprime en parlant au « je », en décrivant ce qui nous inquiète et comment la situation nous fait sentir.
Par exemple : « J’aimerais te parler un instant d’une situation qui me préoccupe depuis quelque temps. J’ai remarqué que tu étais plus isolé(e), moins enclin(e) à voir tes ami(e)s, et que l’école est devenue un défi pour toi. C’est ce que tu m’as dit la semaine dernière. Dis-moi, comment ça va en ce moment? Qu’est-ce que je pourrais faire pour t’aider? N’oublie pas que je t’aime, que je suis là pour toi, sans jugement. »
Il est essentiel de diminuer le sentiment de culpabilité et de honte qui, trop souvent, habite les personnes souffrant d’un trouble alimentaire. Il existe encore un certain stigma entourant les troubles alimentaires. Beaucoup pensent que c’est un caprice, une manière maladroite d’attirer l’attention.
Il est impératif de dissocier son enfant de la maladie. « Tu n’es pas anorexique, tu es aux prises avec un trouble alimentaire, mais la maladie ne te définit pas. Tu as des forces, des rêves, des projets, des valeurs, des qualités, etc. »
Il est possible que votre enfant se replie et s’isole de plus en plus au cours de la maladie. Il faut être doux (douce), bienveillant(e), patient(e) et persévérant(e). Pour conserver la relation avec lui ou elle, on peut notamment proposer des activités en famille qui ne sont pas en lien avec la nourriture.
Il ne faut surtout pas s’oublier en tant que parent, ami(e), membre de l’entourage. Beaucoup trop de proches finissent par s’épuiser. Mettez vos limites, définissez clairement votre rôle et vos connaissances sur le sujet. Référez-vous au besoin à l’équipe traitante, et ne vous gênez pas pour poser des questions aux intervenant(e)s.
Vous aurez besoin de toutes vos forces et votre énergie. Malgré la souffrance de votre être cher, assurez-vous de prendre du temps pour faire des activités qui vous font du bien : passer du temps avec votre conjoint(e), faire une sortie de temps à autre avec vos ami(e)s, vous joindre à un groupe de soutien pour briser l’isolement, etc.
N’hésitez pas à utiliser les services d’ANEB! Anorexie et Boulimie Québec est un organisme permettant d’offrir du soutien aux personnes touchées de près ou de loin par les troubles alimentaires. Au moyen de la ligne d’écoute, des groupes de soutien, du clavardage ou du texto, les intervenant(e)s sont à votre écoute, sans jugement et gratuitement (ou à faible coût).
Une liste de ressources (psychologues, nutritionnistes, cliniques multidisciplinaires) est également accessible sur le site d’ANEB.
Site Web : anebquebec.com (pour les adultes) et anebados.com (pour les jeunes)
ANEB Québec, Aider un proche
Tel-Jeunes, La communication non violente
Institut universitaire en santé mentale Douglas, Troubles de l'alimentation : conseils pour la famille