Votre ado refuse d'aller à l'école ? Il argumente pour ne pas faire ses devoirs? Il fait une crise démesurée lorsque vous dites non à l’un de ses plans? À première vue, on pourrait croire à de l’opposition, n’est-ce pas?
En relation d’aide, on utilise souvent l’image de l’iceberg pour illustrer que derrière chaque comportement observable se trouve une multitude de pensées, d’émotions et de symptômes physiques que l’on ne voit pas. Ainsi, ce qui peut être perçu comme de l’opposition (la partie visible de l’iceberg) peut en fait être le symptôme d’une autre problématique, par exemple, l’anxiété.
Comme l’explique le Dre. Laura Prager, directrice des services de pédopsychiatrie d’urgence à l’hôpital général du Massachusetts, « l’anxiété est un diagnostic imposteur » (traduction libre), c’est-à-dire qu’il peut se manifester de plusieurs façons et qu’il est souvent confondu avec d’autres troubles.
En gardant en tête que l’anxiété peut se manifester de plusieurs façons, prenez un moment pour évaluer si les gestes et paroles de votre adolescent sont pour confronter votre autorité ou s’il peut s’agir d’une réaction causée par de l’anxiété.
Voici des pistes d’observation qui peuvent guider votre réflexion dans l’identification des symptômes d’anxiété chez votre jeune.
Dr. Benoît Hammarrenger (neuropsychologue ayant une expertise en trouble de l’opposition) explique que l’enfant anxieux cherche à atteindre un sentiment de sécurité et de protection et qu’il peut manifester de la résistance s’il se sent confronté dans cette démarche. Il peut se montrer rigide face aux changements et tenter à tout prix d’éviter les situations stressantes en s’opposant ou en confrontant l’autorité.
Des mécanismes biologiques peuvent expliquer ces réactions. En effet, les recherches sur le stress humain révèlent que, lorsqu’il perçoit une menace, le cerveau envoie des signaux au corps et mobilise de l’énergie pour se défendre (Foncer ou Fuir). Ainsi, si un feu se déclenche chez vous, votre réaction sera (on l’espère!) de sortir rapidement de la maison. L’énergie est donc dépensée par la réaction de fuite. Toutefois, devant un danger perçu (ex. un examen), la charge d’énergie mobilisée pour faire face au stress n’est habituellement pas dépensée naturellement et doit être relâchée. Elle s’exprime alors souvent sous forme de colère.
Le Centre de Recherche sur le Stress Humain identifie quatre catégories de stresseurs soit la perte de Contrôle, l’Imprévisibilité, la Nouveauté et une menace à l’Égo (C.I.N.É.).
Par exemple, votre adolescent fait une scène parce que vous avez remis la sortie d’aujourd’hui à demain. Il se peut que l’imprévu et la perte de contrôle aient activé sa réponse de stress.
L’adolescent peut être particulièrement préoccupé par ce que ses amis et son entourage pensent de lui. Face à ses parents, il peut vouloir tenter de se montrer indépendant et sûr de lui, mettant de l’avant la colère. Cette émotion lui donne ainsi l’impression de reprendre le contrôle plutôt que l’émotion du stress, qui peut le faire sentir vulnérable.
Plutôt que de simplement punir son comportement inapproprié, il peut être aidant d’ouvrir la discussion avec votre jeune sur les déclencheurs de son opposition. Attendez que tout le monde se soit calmé et prenez un temps pour faire un retour sur la séquence des événements. Même si la réaction vous a semblé disproportionnée, ne la minimisez pas et évitez les phrases telles que « t’exagères » ou « tu capotes pour rien ».
N’oubliez pas qu’il est en apprentissage et a peut-être de la difficulté à se comprendre lui-même. En tentant d’identifier ensemble les émotions et pensées qui se cachent derrière son comportement (partie de l’iceberg sous l’eau), vous l’aiderez à développer des stratégies qui lui serviront à mieux gérer ses réactions avec le temps.
Si vous souhaitez être accompagné pour mieux comprendre les comportements de votre adolescent et être outillé davantage, n’hésitez pas à demander de l’aide professionnelle.
À Laval, les demandes peuvent se faire en téléphonant à Info-Social au 811 option 2.