« Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. Les gens souffrent, les gens meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c’est de l’argent et du conte de fées d’une croissance économique éternelle. Comment osez-vous? » — Greta Thunberg.
C’est empreint d’émotions que Greta Thunberg prononçait ces paroles lors d’un discours s’adressant aux plus petits et plus grands dirigeants politiques de ce monde, le 23 septembre 2019. Je vous rassure : l’objectif d’aujourd’hui n’est pas d’alimenter le débat sur les changements climatiques. J’avais plutôt envie de vous décrire un phénomène qui semble être de plus en plus présent dans notre société : l’écoanxiété.
L’écoanxiété est le sentiment de peur et de détresse ressenti par une personne lorsqu’elle anticipe les conséquences négatives des changements climatiques. En effet, cette personne éprouvera divers symptômes similaires aux troubles anxieux : insomnie, pensées obsédantes, attaques de panique, modification de l’appétit, et bien d’autres. Ces manifestations se produiront à la seule pensée des potentielles catastrophes naturelles.
Ainsi, il n’est pas nécessaire de ressentir les conséquences de ce changement climatique, puisque l’anticipation des conséquences est suffisante pour générer de l’anxiété. À ce jour, aucun diagnostic officiel n’existe pour parler d’écoanxiété. Néanmoins, la détresse vécue par ceux qui en souffrent est bien réelle, et de plus en plus de personnes s’intéressent à ce type d’anxiété.
Étant donné que peu d’études se sont intéressées au phénomène de l’écoanxiété, il est difficile de savoir qui peut être le plus à risque d’en développer. Une étude française publiée en 2018 a toutefois essayé d’identifier quel groupe de personnes pouvait être le plus inquiet des changements climatiques. Elle rapporte que 93 % des jeunes entre 18 ans et 24 ans se disent très préoccupés par les changements climatiques.
Donc, nous pouvons supposer que cette catégorie de gens serait plus sensible à développer de l’écoanxiété. Également, cette même étude démontre que 88 % des femmes affirmaient être inquiètes des changements climatiques, comparativement aux hommes avec un ratio de 81 %. Bien qu’intéressants, ces chiffres ne sont pas suffisants pour comprendre complètement le phénomène. D’autres études seront nécessaires pour l’explorer.
Craindre les conséquences négatives du changement climatique ne date pas d’hier. Par contre, c’est depuis peu que l’on parle d’écoanxiété. Selon certains auteurs s’intéressant à ce phénomène, les conséquences des changements climatiques viendraient menacer l’individu dans son sentiment de sécurité.
Ce n’est pas une surprise, me diriez-vous : les séquelles des changements climatiques peuvent être bien dommageables. Toutefois, ce qui surprend davantage, c’est la transformation des craintes en peur, générant ainsi une angoisse d’insécurité. Or, c’est ce sentiment d’avoir peu de contrôle sur ces impacts qui expliquerait en partie l’apparition de l’écoanxiété.
Plus la personne craindra pour sa sécurité, plus elle tentera de trouver des alternatives pour y remédier. Mais, lorsque le problème est à l’échelle mondiale, l’individu peut se sentir seul dans ce combat. C’est l’un des aspects qui ressort le plus souvent lors des témoignages des personnes qui se définissent comme écoanxieuses. En effet, celles-ci mentionnent que le sentiment de porter seules cette cause accentue leur angoisse.
De façon générale, chaque personne souhaite faire confiance que les institutions mises en place viennent stabiliser leur environnement. Lorsque cette confiance est absente, que ce soit par de l’instabilité politique, ou par la perception que certains dirigeants ne prennent pas au sérieux les menaces des changements climatiques, l’angoisse sera de plus en plus importante, et c’est ce qui expliquera en partie la présence de l’écoanxiété.
Bien sûr, il est possible d’accomplir plusieurs actions pour réduire l’impact des changements climatiques. Par exemple : réduire la consommation, participer au compostage collectif, trier le recyclage, favoriser le transport en commun, réduire de quelques degrés la température du logement, faire du co-voiturage, et bien d’autres.
Pour atténuer l’anxiété, il est également possible de se mobiliser en joignant un groupe écoresponsable. Il existe plusieurs mouvements actifs en ce moment, il suffit de joindre celui qui vous convient le mieux. Vous aurez ainsi tout le loisir de partager avec des individus ayant les mêmes intérêts et les mêmes questionnements que vous, en plus de joindre l’utile à l’agréable! Le plus important, rappelons-le, est de faire des changements en se respectant.
Enfin, si vous pensez souffrir d’écoanxiété ou connaissez un proche qui en vit, n’hésitez pas à aller chercher de l’aide! L’anxiété, peu importe la cause, peut devenir envahissante, et il n’est pas nécessaire de toujours la gérer seul!
Le Figaro, Eco-anxiété : quand la hausse des températures fait chuter le moral
TF1 info , Après le discours de Greta Thunberg à l'Onu, une pluie de critiques… et d'intox
Éditorial, Les effets du changement climatique sur la santé : Découvrez les risques et faites partie de la solution
Cairn, Des effets des discours positifs sur les angoisses liées au changement climatique>La Presse, Les changements climatiques, source d’« écoanxiété »
Le Droit, Éco-anxieux, toi-même!
Pihkala, P., Eco-Anxiety, Tragedy, and Hope: Psychological and Spiritual Dimensions of Climate Change
International Journal Of Mental Health Nursing, Eco-anxiety: How thinking about climate change-related environmental decline is affecting our mental health
Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, Les Français et le réchauffement climatique