Nul besoin d’éplucher les dernières études scientifiques pour apprendre que de plus en plus de jeunes utilisent les médias sociaux sur une base quotidienne, il suffit de regarder autour de soi.
Si à l’époque Facebook représentait le réseau social « chouchou » des jeunes, ces derniers se tournent maintenant de plus en plus vers Instagram et Snapchat. Ces deux réseaux sociaux sont réputés pour le partage de photos, sans parler des selfies. Certes, les médias sociaux offrent de nombreux côtés positifs, mais quel impact ont-ils sur la santé mentale de nos jeunes ? Et quel rôle jouent les selfies là-dedans ?
Le selfie, c’est-à-dire prendre une photo de soi-même, est devenu une façon commune de se présenter sur les médias sociaux. Si pour la plupart d’entre nous ce geste prend une forme plutôt banale au quotidien, certaines études montrent que les jeunes femmes âgées entre 16 et 25 ans passeraient environ 5 heures par semaine à prendre des selfies, à les retoucher et à les partager sur les médias sociaux. Bien que ce chiffre semble considérable, le plus inquiétant demeure l’impact du temps passé sur les médias sociaux et la préoccupation que ces jeunes femmes ont de leur apparence physique.
En effet, plus ces jeunes passeraient de temps sur les réseaux sociaux, plus elles auraient une perception négative de leur image corporelle. Cela pourrait ainsi conduire à une insatisfaction quant à leur poids, à une quête de la minceur à tout prix et à une surveillance accrue de leur corps.
Prendre des selfies et les publier sur les réseaux sociaux au quotidien contribuerait à rendre ces jeunes femmes plus anxieuses, moins confiantes, à se sentir moins attirantes, et ce, même en ayant la possibilité de retoucher leurs photos. Évidemment, toutes les jeunes femmes qui prennent des selfies ne subissent pas ces effets négatifs, mais les plus vulnérables seraient, entre autres, celles qui accordent une importance exagérée à leur apparence corporelle.
Lorsque nous nous attardons aux préoccupations des garçons quant à leurs publications sur les réseaux sociaux, la situation diffère. Si pour les filles la beauté et l’attirance qu’elle engendre semble importants, il en va autrement pour les garçons qui se soucient davantage de se montrer en photos avec des amis en train de s’amuser. Sinon, ils craindraient d’être considérés comme des « losers » aux yeux des autres.
L’importance de se comparer aux autres semblerait plus déterminante chez les filles que chez les garçons. Les filles, en général, ont été éduquées à se soucier d’être de bonnes amies et d’être aimées des autres. De plus, dans leur éducation, les filles sont souvent évaluées quant à leur apparence physique comparativement aux habilités chez les garçons. Les filles ont ainsi appris que l’attention positive qu’elles reçoivent est en lien avec leur apparence physique : « Tu es donc bien belle ! » ; « Oh, comme ta robe est jolie ! » ; « Qui t’a fait cette belle coiffure ? »
Outre l’éducation, les changements corporels liés à la puberté des filles les placeraient dans des zones plus à risque de développer certains problèmes de santé mentale, tels que les troubles alimentaires. La différence se situe également au niveau des hormones. En effet, selon certaines études, la testostérone semblerait être un facteur de protection contre la dépression. Pour ces raisons, les garçons auraient tendance à avoir une plus grande confiance en eux-mêmes, vivraient moins d’anxiété et seraient donc plus indifférents quant aux insécurités reliées à leur apparence.
Comment pouvons-nous aider les jeunes femmes à se sentir mieux par rapport à elles-mêmes ? Tout d’abord, en prenant conscience de notre tendance à valoriser les filles par rapport à leur apparence physique. Ensuite, en tentant de les valoriser autrement, soit par les liens d’amitié, le sport, les activités, leurs résultats académiques ou professionnels et en tenant compte de leurs intérêts et de leurs talents respectifs. Finalement, il serait souhaitable de leur faire connaître plusieurs modèles de femmes intéressantes, fortes et intelligentes. Et surtout, en revoyant notre conception de l’intelligence !
Bien évidemment, ces quelques pistes de solutions ne sont ni miraculeuses, ni instantanées, mais cela vaut le coup d’essayer.
National Lubrary of Medicine, The effects of active social media engagement with peers on body image in young women
ScienceDirect, “Selfie” harm: Effects on mood and body image in young women
Le journa; des Femmes, Estime de soi : quel est l'impact des réseaux sociaux ?